
Notre corps est un merveilleux système vivant, adaptatif et à l’écoute. Chaque jour, il s’ajuste, s’adapte, se transforme pour que nous puissions fonctionner au mieux, en lien avec notre environnement. Il ne s’agit pas d’un mécanisme rigide qui cherche à rester identique, mais bien d’un organisme intelligent en perpétuel mouvement. Comprendre la santé comme un processus vivant, c’est déjà changer de regard sur notre façon de vivre, de guérir et de vieillir.
La personne humaine n’est pas un mécanisme compliqué qu’il faudrait démonter pour en comprendre les rouages, mais un système complexe : vivant, interdépendant, sensible et adaptatif. Elle s’intègre dans un environnement, interagit avec lui, l’influence autant qu’elle en est influencée. Corps, émotions, environnement, expériences… tout communique, tout s’entrelace. Cette dynamique systémique est présente à chaque instant : nos tissus réagissent à nos postures, notre système nerveux aux sons, aux mots, au stress de la journée, et notre digestion au climat comme à l’état d’esprit.
C’est dans cette vision globale, fluide et interconnectée que l’ostéopathie prend tout son sens.
Dans cet article, je vous propose de découvrir trois notions fondamentales issues de la physiologie du vivant : l’homéostasie, l’hormèse et l’homéorhésie. Trois clés de compréhension qui permettent d’éclairer comment le corps régule ses fonctions, s’adapte aux sollicitations, et s’engage dans des transformations profondes. Trois portes d’entrée aussi pour mieux saisir le rôle de l’ostéopathie dans l’accompagnement de ces processus naturels, sans rien forcer, avec le respect du rythme propre à chacun.
I. L’homéostasie : tendre vers l’équilibre dans un monde qui bouge
Le terme « homéostasie » vient du grec homoios (semblable) et stasis (stabilité). Il désigne la capacité qu’a un organisme à maintenir son milieu interne relativement stable, en dépit des fluctuations extérieures. Température, pH sanguin, glycémie, fréquence cardiaque… tout est régulièrement ajusté pour que notre « environnement intérieur » reste compatible avec la vie.
Mais attention : il ne s’agit pas d’un état figé à atteindre ou à retrouver. L’homéostasie est un processus d’ajustement constant, une quête de cohérence dans le mouvement. Le corps réagit, module, ajuste en fonction des besoins du moment. Et ces besoins sont eux-mêmes influencés par une multitude de facteurs interconnectés : alimentation, climat, stress, posture, état émotionnel, contexte relationnel…
Prenons un exemple simple : vous sortez en t-shirt par une journée fraîche. Votre corps se met à frissonner, vos vaisseaux se contractent, vous avez la chair de poule. Il ne s’agit pas de panique, mais d’une réponse adaptative pour produire de la chaleur et la conserver. C’est l’homéostasie en action.
Et l’ostéopathie dans tout ça ?
L’ostéopathie n’intervient pas pour « corriger » ou « remettre en place » un équilibre prétendu idéal. Elle accompagne le corps dans sa tendance naturelle à s’ajuster, à retrouver un mouvement plus libre, une meilleure circulation, une réorganisation plus fonctionnelle. Dans cette approche systémique, l’ostéopathe considère que chaque symptôme peut être relié à plusieurs causes : une tension mécanique, une réaction à un stress, un changement de rythme de vie… Il s’agit de lire le corps dans ses liens et ses résonances.
II. L’hormèse : le stress qui stimule la vitalité
L’hormèse est une notion encore peu connue du grand public, mais essentielle dans la compréhension de la santé naturelle. Elle désigne le phénomène par lequel une faible dose de stress ou d’agression stimule les mécanismes d’autorégulation et de renforcement du corps. À dose excessive, le même facteur serait nocif ; à petite dose, il devient bénéfique.
Quelques exemples d’hormèse bien connus :
– Le jeûne intermittent ou les périodes de restriction calorique.
– L’exposition brève au froid (cryothérapie, douche froide).
– L’exercice physique modéré et régulier.
– Certains composés des plantes aromatiques ou huiles essentielles.
Ces « micro-stress » déclenchent une réaction de renforcement, à condition de respecter les seuils de tolérance du corps. Il ne s’agit pas de malmener l’organisme, mais de l’inviter à se mobiliser, à se renforcer, à s’adapter avec souplesse.
Et l’ostéopathie dans tout ça ?
Certaines techniques ostéopathiques peuvent agir comme des « micro-stimulations », des signaux légers envoyés au système nerveux ou au tissu fascial pour provoquer une réponse adaptative. C’est une forme d’hormèse manuelle : l’intégrité corporelle est respectée, mais un changement est invité par la présence, la pression juste, l’écoute tactile.
Cette logique adaptative s’inscrit dans une vision plus large : le corps apprend, s’éduque, se réorganise. Il ne répond pas de façon isolée, mais en lien avec son environnement. Un ajustement corporel peut avoir des répercussions sur l’état émotionnel, la qualité du sommeil ou la concentration.
III. L’homéorhésie : le changement comme nouvelle trajectoire
La troisième notion, plus méconnue encore, est celle d’homéorhésie, du grec rhesis (flux, courant). Elle décrit la capacité d’un organisme à réorienter sa trajectoire fonctionnelle dans le temps, plutôt que de chercher à retrouver un état précédent.
Autrement dit : il ne s’agit pas de revenir « comme avant », mais de créer un nouveau chemin d’adaptation. Cette idée est centrale dans les processus de transformation que vivent nos corps :
– La croissance d’un enfant ou d’un adolescent.
– Le passage par une grossesse, un accouchement, un post-partum.
– Une période de convalescence après maladie ou opération.
– Une transition de vie (burn-out, déménagement, deuil…).
Ces moments de bascule ne sont pas des anomalies à corriger, mais des évolutions à accompagner avec intelligence, en tenant compte de l’ensemble des paramètres internes et externes en jeu.
Et l’ostéopathie dans tout ça ?
Dans ces contextes de transformation, l’ostéopathie peut jouer un rôle de soutien précieux. Loin de « remettre comme avant », elle aide le corps à intégrer les changements, à trouver une nouvelle cohérence dans le mouvement, à fluidifier les transitions. Cela peut passer par un travail sur la posture, la respiration, la circulation des fluides, mais aussi par un accueil global de ce qui est en train de se transformer, y compris sur les plans émotionnel, relationnel et énergétique.
IV. Une vision vivante et fluide de la santé
Ces trois notions – homéostasie, hormèse, homéorhésie – dessinent une vision dynamique, fluide, respectueuse du vivant. Elles nous rappellent que la santé ne se définit pas par l’absence de symptômes, mais par la capacité d’un corps à s’ajuster, à répondre, à se transformer en lien avec tout ce qui l’entoure.
L’ostéopathie, dans ce cadre, n’est pas une technique de réparation, mais une pratique d’accompagnement du vivant. Elle soutient la dynamique d’auto-régulation, respecte le rythme de chacun, et encourage l’émergence d’un nouvel équilibre en perpétuel mouvement.
Conclusion : Écouter, accompagner, respecter le mouvement de la vie
Notre corps n’est pas un objet à contrôler, mais un partenaire à écouter. Il sait beaucoup plus que nous ne le pensons. Il n’attend pas qu’on le « remette droit » ou qu’on le « corrige ». Il cherche simplement à avancer, à se déployer, à s’ajuster avec justesse dans un monde en perpétuelle évolution.
L’ostéopathie, telle que je la pratique, s’inscrit dans cette approche respectueuse et sensorielle. Elle accompagne les processus naturels du corps, elle les soutient sans les contraindre, et elle honore cette intelligence du vivant qui nous habite tous.
Dans l’eau, au cabinet, en période de transition ou simplement pour prendre soin de soi, je vous accueille avec cette même intention : vous aider à mieux sentir, mieux bouger, mieux vivre… en toute cohérence.
Diane Le Berre
Ostéopathe D.O & ostéopathe aquatique

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